Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/579

Cette page a été validée par deux contributeurs.
461
BAGHDAD

sion d’emporter en Europe les objets découverts par eux. Ils pourront en prendre des moulages, mais les originaux devront être transportés au musée de Constantinople.

Nous avons vu ce musée au Vieux Sérail ; le commencement en a été bon ; mais maintenant les bâtiments ne suffisent plus ; l’argent manque pour en construire de nouveaux, et les envois les plus récents gisent pêle-mêle dans les cours, fort exposés à se détériorer et à se perdre.

Au demeurant la loi n’a, dans la pratique, que partiellement restreint l’exportation d’antiquités. Dans certains cas on a fait un compromis avec le gouvernement, lui abandonnant les objets en apparence les plus importants, c’est-à-dire les plus gros, et emportant le reste ; dans d’autres cas, et c’est l’ordinaire, tout se réduit à une question de bakschîch. Les Anglais surtout ont la partie belle. Leur Résident a une canonnière attachée à son service et dernièrement elle a transporté en fraude une pleine cargaison d’antiquités.

M. Poignon nous fut d’un grand secours pour l’achat d’antiquités babyloniennes. L’art de la contrefaçon a atteint ici la perfection. L’Oriental, extrêmement habile et patient, réussit d’une manière surprenante à faire des faux ou à reproduire sur moulages des pièces authentiques ; et il faut toute la pratique de M. Poignon pour ne pas s’y laisser prendre.

Nous pûmes ainsi acheter un assez grand nombre de contrats notariés, dont quelques-uns ont 3 000 ans d’âge. Ces contrats sont faits sur briques rectangulaires des dimensions les plus variables. L’acte était gravé au poinçon sur la brique crue — opération que la nature des caractères cunéiformes rendait très facile ; les témoins apposaient sur la tranche de la tablette l’empreinte de leur sceau s’ils en avaient un, l’empreinte de leur pouce s’ils étaient trop pauvres pour avoir un cachet en pierre dure ; puis l’acte était soumis à l’action du feu. Cette première opération terminée, on retirait du four le gâteau durci comme la brique, on l’enveloppait d’une mince couche d’argile molle et l’on répétait sur