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BAGHDAD

connue aujourd’hui sous le nom d’École française-arabe. Cette école s’est développée malgré sa pauvreté ; ses bâtiments irréguliers où tous les recoins sont utilisés, disent assez son histoire en même temps qu’ils témoignent de sa popularité. Tous les Baghdadiens parlant français — et ils sont nombreux — ont été élevés à cette école ; beaucoup ont pu, grâce à l’instruction qu’ils y ont reçue, s’élever à des positions honorables.

L’école est divisée en deux branches : une école élémentaire avec trois classes ; et une école moyenne comprenant cinq classes.

Celle-ci vise à l’enseignement secondaire spécial. Son programme comprend : l’étude des langues modernes utiles dans ce pays : Arabe, Français, Anglais, Turc ; celle des mathématiques et de la géographie.

Quand le budget le permettra, on établira un cours supérieur où l’on enseignera la tenue des livres, la géométrie, l’histoire, etc.

Outre la difficulté financière, le plus grand obstacle à l’exécution de ce plan vient du côté des parents qui veulent tuer la poule aux œufs d’or et retirent leurs enfants dès qu’ils sont capables de gagner quelques sous.

L’école compte 152 élèves appartenant à tous les rites chrétiens et quelques Musulmans[1]. Ces élèves sont pleins d’entrain ; le directeur, un alsacien, le P. Polycarpe, organisa une séance littéraire en notre honneur ; et vraiment, sauf une certaine exagération emphatique, les acteurs remplirent parfaitement leurs rôles.

La fanfare de l’école, qui contribue beaucoup à son prestige, se pose presque en rivale de la musique militaire.

  1. On ne peut admettre ceux-ci qu’avec de grandes précautions ; la situation des missionnaires est très délicate à leur endroit : aucune propagande n’est possible ; car un Musulman ne peut se convertir sans risquer sa vie ; et une pareille conversion serait en même temps le signal de mort pour la mission. Un Musulman qui a le désir de se convertir est forcément obligé de s’expatrier et de faire son abjuration dans un pays où il est entièrement inconnu. La mission a des devoirs trop tracés envers les Chrétiens pour se risquer vis-à-vis des Musulmans à un apostolat, probablement très peu fécond, et dont les conséquences seraient désastreuses.