Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/561

Cette page a été validée par deux contributeurs.
447
BABYLONE

notamment ceux qui formaient deux des côtés d’une grande salle, probablement la salle centrale.

Les briques que nous trouvons portent le cachet de Nabuchodonosor ; elles sont carrées, à peu près deux fois aussi épaisses que nos briques modernes. Dans ce monument elles sont assemblées avec du bitume ; mais, comme sans doute, employé seul, il eut offert trop peu de résistance aux glissements latéraux, on a noyé dans la couche de bitume de légères nattes de roseaux ou de fibres de palmiers. Nous voyons encore une de ces nattes sur une portion de mur fraîchement écroulée.

À onze heures nous quittons ces ruines d’où tout objet intéressant a disparu depuis des siècles et qui n’attirent que par leur indicible mélancolie et les souvenirs qu’elles évoquent.

El-Kasr est une autre colline, débris du palais de Nabuchodonosor ; c’est là que vint mourir Alexandre le Grand (323) ; plus loin enfin, la colline d’Amran, où l’on croit reconnaître les jardins suspendus. Et c’est là tout ce qui reste de Babylone ! Certes, en parcourant ces monticules, en songeant aux constructions gigantesques que la volonté de fer et l’orgueil d’un seul homme, Nabuchodonosor avaient accumulées ici, l’on peut sans lieu commun, parler de la vanité des choses humaines !

Babylone, maudite par les Prophètes, n’a pas comme Ninive, sombré dans le cataclysme d’une conquête barbare. Elle eut une lente agonie. Cyrus, en s’en emparant (538), ménagea la ville et les habitants. Xerxès (518) porta le premier grand coup à sa prospérité, lorsque pour châtier une révolte des Babyloniens, il fit raser les remparts et décimer les habitants. Alexandre conçut le projet de faire de Babylone la capitale du monde ; mais sa mort, (323) fut le signal de la ruine définitive de la ville ; car les Séleucides bâtirent leur capitale, Séleucie, sur le Tigre, à quelques heures au Nord de Babylone.

L’une après l’autre les demeures de la vieille capitale furent abandonnées. Les habitants en quittant ainsi successivement et systématiquement Babylone, durent emporter avec soin toutes