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CHAPITRE XXIII

Plus tard, Tekrît eut l’honneur de donner le jour au terrible Saladin.

Aujourd’hui la ville partage la décadence générale de tout le pays ; notre kellekdji lui donne 1 200 maisons, ce qui représenterait une population de 8 à 10 000 âmes.

Les habitants, outre leur réputation de malveillance, ont encore celle d’être les pires voleurs du pays ; le zabtié nous conjure de ne pas passer la nuit sur la plage de Tekrît. Comme nous n’avons aucun souci d’être dévalisés, nous nous préparons à suivre son conseil.

Mais auparavant, je veux profiter de la disposition favorable de la plage pour photographier le kellek. Un instant je désespérai d’en venir à bout, car toute une nuée d’Arabes, moitié par curiosité, moitié par malveillance se pressait autour de mon appareil, touchant et bousculant tout. Il fallut, pour les faire battre en retraite, employer des menaces sérieuses.

Puis nous quittons ce trou de voleurs.

La nuit promet d’être très claire, et comme à partir de Tekrît le cours du Tigre est beaucoup plus tranquille, nous en profiterons pour marcher sans interruption jusqu’à Sâmarra.

À neuf heures du soir nous donnons de nouveau contre un bas-fond au milieu du fleuve ; mais les kellekdjis parviennent à nous remettre à flot.


9 Janvier.

À quatre heures du matin le kellek s’arrête en vue de Sâmarra. La nuit a été très fraîche et le thermomètre est descendu à +2°. Sâmarra est, à je ne sais plus quel titre, l’une des villes saintes des Musulmans Schiites. Aussi tenons-nous à la visiter, pour autant que le permettra le fanatisme de ses habitants dont on nous fait une très sombre peinture.

La ville est bâtie à un quart d’heure environ du fleuve, à la lisière du désert ; ses murailles, qui paraissent assez neuves, ont un aspect agréable ; mais aux premiers rayons du soleil levant, un seul objet attire et fascine le regard : c’est la coupole