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CHAPITRE XXIII

(auquel correspond naturellement, en avant du plan de coupe, un second bâtis symétrique) deux treuils grossiers ou mieux deux poulies C, D.

L’appareil avec lequel on puise l’eau est une sorte de grand entonnoir en cuir A, B. Cet entonnoir est soutenu par des cordes qui passent sur les treuils et se réunissent ensuite (E). Veut-on puiser de l’eau, on laisse l’entonnoir s’abaisser jusqu’au fleuve. Tant que cet entonnoir se trouve entre les poulies et le niveau de l’eau, grâce à la disposition des poulies et des cordes, son extrémité étroite B se trouve relevée au niveau du grand orifice A, transformant ainsi l’entonnoir en un vase en U. Lorsque le vase est rempli d’eau un bœuf attelé en E tire sur les cordes. Grâce à la différence de niveau des poulies, au moment où l’extrémité B atteint la poulie D, sa marche verticale est transformée en marche horizontale (B′) tandis que la portion A monte encore vers la poulie C ; autrement dit le vase en U se transforme de nouveau en entonnoir et toute l’eau s’échappe par l’orifice B′ dans le canal G.

L’eau déversée, on fait revenir le bœuf sur ses pas ; l’entonnoir redevient de nouveau vase en U, se remplit au fleuve, et la manœuvre se renouvelle indéfiniment.

L’on aurait plaisir à rencontrer sur les rives du fleuve ces signes de vie, si les poulies en bois de ces rudimentaires machines, tournant dans des coussinets également en bois, ne faisaient entendre sans interruption les plus effroyables grincements.

Une heure environ au-dessus de Tekrît s’ouvre dans les hautes falaises de la rive droite une grotte inaccessible. D’après la légende elle servait autrefois de repaire à un monstre aquatique malfaisant ; un héros dont on n’a pu nous dire le nom en purgea la terre ; en souvenir de sa victoire, il est d’usage que chaque voyageur tire un coup de feu vers la grotte — tradition à laquelle nous nous conformons scrupuleusement.

Tekrît est bâti sur la rive droite du fleuve, sur une falaise à pic, faisant partie de cette ramification du Djebel-Makhoûl dont