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CHAPITRE XXIII

nous trouverions un autre climat ; en réalité, la véritable limite climatologique se trouve à la Porte de Chaldée ; elle est formée par le Djebel-Hamrîn, dont les arêtes rocheuses découpent au milieu du désert leur silhouette dénudée et paraissent former une barrière continue qui protège la Chaldée contre l’action refroidissante des vents venus des montagnes kurdes et du haut plateau persan. Aussi bien, avons-nous aujourd’hui un vrai ciel et un vrai soleil d’Orient ; le thermomètre monte à +25°.

Le climat de Môsoul quoiqu’excessivement chaud en été, a des hivers relativement froids, humides, et l’on y voit, quoique rarement, tomber la neige ; le palmier n’y vient que dans des cours bien abritées ; désormais nous allons entrer dans son vrai domaine.

Le paysage continue à être fort pittoresque ; le Djebel-Makhoûl détache vers le Sud une longue ramification aux pentes assez abruptes dont le fleuve longe la base ; vers le désert de Mésopotamie, ces collines semblent s’abaisser doucement.

Les rives s’animent aussi davantage ; l’on voit de temps en temps quelques kelleks amarrés aux bords du fleuve ; les uns font provision de menu bois destiné à Baghdâd ; d’autres recueillent des racines de la réglisse qui pousse en abondance le long du Tigre. Il semble que les kellekdjis qui descendent de Môsoul emportent, de fondation, des vivres pour leurs confrères, car presque chacun de ces kelleks marchands nous détachait un homme qui venait renouveler la provision de pain auprès de nos rameurs.

Ces gens nagent en s’appuyant sur deux outres accouplées ; remontant leur chemise jusqu’aux aisselles et faisant du reste de leur habillement un turban qu’ils roulent autour de leur tête, ils s’appuient avec les bras sur les outres, ne se dirigeant qu’avec les pieds ; bien qu’à cette saison les eaux du Tigre soient glaciales, ils y restent impunément plongés pendant des heures.

À mesure que nous approchons de Tekrit, la rive gauche paraît cultivée ; nous n’en voyons rien à cause de l’élévation des