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DE MÔSOUL À BAGHDAD

chir la Porte de Chaldée par l’obscurité et amarrer le kellek à une lieue environ en aval.

8 heures et demie.

La soirée d’ailleurs avait un délicieux charme poétique ; au bord du fleuve les feux des nomades projetaient leurs lueurs indécises sur les falaises du Djebel-Hamrîn dont les sommets se détachaient en noir sur un ciel étincelant d’étoiles ; les kellekdjis accompagnaient leur manœuvre d’un rythme mélancolique et doux, dont la répétition uniforme, loin de lasser, finissait par porter à une rêverie en parfaite harmonie avec la nature[1].


8 Janvier.

Le zabtié avait veillé toute la nuit par crainte des Arabes.

Ces intrépides maraudeurs emploient pour piller les kelleks un procédé fort ingénieux ; lorsque la nuit est bien noire un Arabe, entrant dans le fleuve à une certaine distance en amont du kellek, enfourche une paire d’outres, et se courbant le plus possible vers la surface de l’eau, nage en silence vers le radeau ; au moment de l’atteindre, il plonge doucement et, passant sous le kellek, crève à l’aide d’un poignard le plus d’outres possibles, puis se sauve.

Le kellek commence à sombrer ; s’il est en marche, il est forcé d’aborder pour réparer ses avaries ; s’il est amarré, il ne peut reprendre le fleuve avant plusieurs heures ; il est à la merci des Arabes qui accourent alors au pillage.

À deux heures du matin, un coup de feu nous donne l’alarme — ce n’est rien ; le zabtié a manqué un beau sanglier qui venait à l’abreuvoir.

Départ 6 heures matin.

Vers le matin, le temps se met définitivement au beau. Au départ de Môsoul on nous avait prévenus qu’à partir de Tékrit,

  1. Voici ce rythme, pour autant que je puis me le rappeler.
    
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\addlyrics { ân -  ân - - ân - -  ân - - - - - _ oûah. } }
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    La syllabe ân doit être traînée et presqu’entièrement chantée du nez. Il n’est pas question de mesure proprement dite.