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CHAPITRE XXIII

la pensée et d’après les documents l’aspect général de la ville au temps d’Assurnazirpal qui y a semé partout son nom et ses inscriptions. « La nouvelle capitale qui grandissait de jour en jour, dit G. Rawlinson, était assise dans un site salubre et naturellement fortifié, sur un petit éperon du Djebel-Makloûb protégé de part et d’autre par un fleuve. Palais après palais s’éleva sur la haute plateforme, chacun somptueusement décoré de boiseries ouvragées, de lames d’or, de peintures, de sculptures, d’ouvrages émaillés ; chacun rivalisant de splendeur avec les palais déjà construits par les anciens rois. Des lions de pierre, des sphinx, des obélisques, des sanctuaires, des tours sacrées embellissaient la scène et en rompaient la monotonie par leur variété. La grande pyramide ou Zigurrat[1], annexée au temple d’Adar, dominait toute la ville et ralliait autour d’elle toute cette vaste forêt de palais et d’édifices sacrés. Le Tigre qui baignait à l’Ouest le pied de la terrasse, reflétait la ville dans ses eaux, et, doublant la hauteur apparente des murailles, dissimulait un peu l’écrasement qui était le défaut de cette architecture ; quand le soleil couchant dardait ses rayons obliques sur tout cet ensemble il se formait des teintes éclatantes qu’on ne voit que sous le ciel d’Orient, et Kalah devait sembler une vision féerique au voyageur qui l’apercevait pour la première fois[2]. »

Les explorateurs qui ont interrogé une à une toutes les pierres de ces ruines les ont ainsi fait revivre dans leur imagination ; pour le voyageur qui passe, Nimroud n’est qu’une butte de terre que domine sa pyramide ; il ne retrouve les traces des anciens palais que par hasard, là où les tranchées de fouilles n’ont pas encore été comblées.

  1. Ces pyramides à étages semblent avoir été avant tout le lieu où les devins se tenaient en observation pour tirer les horoscopes. À côté de cette vaine observation des astres, les Chaldéo-Assyriens étaient, on le sait, arrivés à une connaissance très avancée de l’astronomie proprement dite. Ces tours sacrées imitaient aussi la forme de la demeure des dieux qui habitaient sur une montagne de l’Orient ou montagne des Pays. Cf. Lenormant et Babelon, v, 172.
  2. Rawlinson. The five Great Monarchies, ii, 99. Lenormant et Babelon, Hist. anc. des peuples de l’Orient, t. iv, passim.