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MÔSOUL — LA VILLE, ETC.

La conversation, naturellement fort languissante, nous fait paraître le dîner terriblement long. À midi nous nous retirons pour laisser le Vali faire sa prière.

Mgr Benham-Benni, l’Évêque syrien-catholique est l’une des personnalités les plus remarquables de Môsoul. Homme d’une foi profonde et très instruit, Mgr Benni est de plus un causeur charmant.

Voici en quelques mots l’origine de cette Église syrienne dont il est un des Évêques les plus distingués. Les Monophysites[1], adversaires du concile de Chalcédoine s’étaient, au vie siècle, formés en Syrie, sous l’impulsion de Jacques Baradaï, en églises dissidentes, absolument séparées des églises orthodoxes et pourvues d’une hiérarchie complète depuis le Patriarche d’Antioche jusqu’aux ordres inférieurs. Ces communautés se maintinrent en face des églises officielles (impériales, melkites) et, surtout depuis l’invasion musulmane, atteignirent parfois à un haut degré de prospérité. Elles existent encore et sont disséminées sur une zone géographique assez étendue, dans la Syrie, le massif du Masius et le bassin moyen et inférieur du Tigre et de l’Euphrate.

Depuis la fin du xviiie siècle un bon nombre de Monophysites sont revenus à l’orthodoxie en se rattachant à l’Église romaine ; de là deux groupes de « Syriens » : les Syriens Jacobites ou Monophysites, et les Syriens Catholiques. Le Patriarche syrien catholique[2], Mgr Schelhot, réside à Haleb. Son Église paraît jouir d’une assez grande prospérité.

  1. Adversaire de Nestorius, Eutychès exagéra la doctrine de l’unité du Christ ; Nestorius en arrivait à une double personnalité ; Eutychès non content de confesser l’unité de personne dans le Christ, enseignait la confusion des deux natures pour arriver en fin de compte à un Christ qui n’était ni Dieu ni homme. Condamné au concile de Chalcédoine en 451, Eutychès se vit soutenu par un très puissant parti ; la Syrie et l’Égypte surtout lui fournirent le plus grand nombre d’adhérents.
  2. Le véritable successeur des anciens patriarches d’Antioche est le patriarche grec Melchite ; le patriarcat syrien a une origine schismatique, et comme telle illégitime ; mais lorsqu’une portion des Syriens fit retour au Catholicisme, il eut été impossible de soumettre au Patriarcat melchite une Église ayant depuis si longtemps sa hiérarchie et sa langue liturgique. Rome accepta donc le fait accompli et reconnut un Patriarche syrien catholique.