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CHAPITRE XXI

enceinte fermée d’une quinzaine de kilomètres de tour. Ce sont là les ruines de Ninive ou plutôt le linceul qui les recouvre. La brique cuite qui formait le revêtement des palais, s’est effondrée ; la brique crue qui en formait les murs s’est dissoute sous l’action des pluies, recouvrant les plaques de marbre qui ornaient les appartements, les monstres ailés qui en défendaient l’entrée, ensevelissant, mais protégeant aussi le peu qui eût échappé aux mains avides des soldats de Cyaxare et de Nabopolassar[1] (625 ans environ avant J.-Ch.).

Ces deux buttes portaient les palais des rois d’Assyrie. Kouyoundjîk, fouillé par Botta, mais surtout par Layard, Smith et Rassam, a livré bien des trésors ; on y a pu retracer en partie le plan des palais, on a découvert une foule d’inscriptions et surtout la fameuse bibliothèque d’Assour-bani-abal. Mais la butte de Kouyoundjîk est une immense masse de briques et de terre évaluée à plus de 14 millions de tonnes. Il faudrait enlever près de la moitié de cette masse énorme pour dégager complètement les palais qui s’élevaient sur une terrasse artificielle en briques crues. Jusqu’ici on n’a fait que des fouilles très partielles et sans un plan nettement tracé. Mais ce qu’on a trouvé fait encore espérer bien des richesses.

Aujourd’hui le laboureur pousse sa charrue sur les ruines des palais des Sennachérib et des Assurbanipal.

J’ai constaté à certains endroits dans les tranchées de fouilles à demi-éboulées un fait très curieux — une légère couche de cailloux roulés et d’autres débris fluviaux intercalée au milieu des masses de terre effondrée. Comment en expliquer la présence ? Une inondation pour atteindre à pareille hauteur — 20 mètres environ au-dessus du niveau du Tigre — eut eu les proportions d’un déluge. D’un autre côté, comment admettre que cette couche friable eût trouvé, par une bizarrerie quelconque, sa place dans les constructions — et, en supposant qu’elle l’eût trouvée,

  1. Voir Lenormant et Babelon, Hist. anc., iv, 381.