Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/489

Cette page a été validée par deux contributeurs.
385
MÔSOUL — LA VILLE, ETC.

Il ne sert que dans la courte période qui sépare le moment où l’on rétablit le pont de bateaux de celui où le Tigre reprend son lit habituel.

Il est presque inutile d’ajouter que le pont, bâti en belle maçonnerie de briques, n’est nullement entretenu ; il est peut-être vieux de vingt ans et déjà menace ruine.

Quand aux abords du pont se pressent les caravanes de chameaux et les nombreux troupeaux de moutons ; quand aux bousculades des uns et à l’effarement stupide des autres se mêlent toutes les complications du péage, la confusion est indescriptible ; d’autant qu’en quittant le pont, l’on entre dans les quartiers commerçants et ouvriers où se pressent autour des bazars les demeures des artisans ; la foule y est donc toujours compacte.

Vers le haut de la ville, les rues sont plus calmes ; souvent même elles paraissent mortes, car les maisons qui les bordent ne présentent que de grands murs percés à de rares intervalles d’une fenêtre que défend sévèrement son moucharabi. C’est le quartier aristocratique ; il a ses jardins où jaillissent des eaux thermales ; mais ce sont sanctuaires interdits aux profanes.

Les maisons, rachètent leur tristesse par un grand air qu’elles doivent à la beauté de leurs matériaux ; presque toutes sont en « marbre de Môsoul. » Ce marbre ou plutôt cet albâtre se tire des carrières du Djebel-Makloûb. Malheureusement il ne résiste pas à l’action du temps.

Historiquement, Môsoul, considérée comme un faubourg de Ninive remonte à la même antiquité que cette cité de brigands et dût en partager la ruine. Comme ville distincte, Môsoul passe pour relativement moderne, puisqu’on la trouve mentionnée pour la première fois sous la domination musulmane. Cependant son origine doit remonter plus haut ; car les conditions géographiques qui avaient tant contribué à donner à la capitale de l’Assyrie sa splendeur, font de l’existence d’une ville aux environs de la vieille Ninive une nécessité. En effet, la voie naturelle qui de la Méditerranée gagne l’Euphrate en contour-