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CHAPITRE XX

Guégou, si sûr de lui sur terre, a complètement perdu contenance ; il tremble comme une feuille. Notre pauvre maison me donne de fortes inquiétudes, car à tous les passages un peu difficiles elle craque affreusement ; c’est le cas d’avoir confiance en l’élasticité de la matière !

Nous n’avons qu’une vingtaine d’outrés crevées ; le kellekdji les répare rapidement ; il a un talent incroyable pour les gonfler en un clin d’œil.

Le Karatchôk-Dagh qui court parallèlement au Tigre n’est qu’une chaîne insignifiante ; mais la tempête d’hier l’a couvert de neige ainsi que le Zakho-Dagh.

Les rives du fleuve sont tantôt des berges terreuses assez raides et hautes de deux à trois mètres, tantôt des bancs de gravier ; la profondeur semble excessivement variable. Grâce à son faible tirant d’eau (20 centimètres à peine), le kellek passe à peu près partout.

Vers midi nous courons d’une allure assez rapide dans de beaux défilés, entre des falaises de calcaire aux assises parfaitement horizontales.

Halte 4 h. 30.

Notre journée finit dès quatre heures et demie ; le kellekdji a trouvé une plage douce où aborder, et il prétend que plus loin les rives ne fournissent plus d’atterrissage propice. Nous profitons des dernières heures du jour pour faire une petite promenade sur la terre de Mésopotamie ; elle est ici couverte de roseaux-cannes et de fourrés de tamarix. Nous découvrons un campement de nomades arabes ; leur attention a dû être éveillée par nos fusillades sur perdrix et alouettes ; il faudra être sur ses gardes cette nuit.

Notre zabtié — est-ce l’effet de l’alerte de Feischabour — a ce soir un violent accès de fièvre.

20 Décembre
Départ 6 h. 30 matin

Le clair de lune fut admirable, mais la nuit glaciale ; la peau des outres était gelée ; une épaisse couche de givre recouvrait tente et coffres ; l’eau des cruches était gelée ! O climats chauds !