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CHAPITRE XVIII

entretiennent deux écoles dans la communauté chaldéenne. Ils ont un dispensaire de pharmacie où plus de 6 000 personnes reçoivent annuellement des consultations et des remèdes gratuits.

En dehors des Chaldéens, le pays de Saïrd compte environ 6000 familles arméniennes schismatiques, établies pour la plupart au Nord de la ville, dans des villages populeux (environ 30 000 âmes).

Les Syriens jacobites ont environ 25 villages avec une population approximative de 4 000 âmes.

Le reste des habitants du Sandjack de Saïrd se compose de Kurdes, de Musulmans et de Yezidis.

Près de Saïrd se trouve le « pays » du Boghtân qu’arrose « l’eau du Boghtân », Boghtân-Sou. Ce « pays » compte 300 villages avec une population totale d’une quarantaine de mille âmes, composée de Musulmans, de Chaldéens et d’Arméniens[1]. Ses principales sources de revenus sont l’élevage des troupeaux et la culture de la terre[2] : avec une bonne administration les habitants devraient être riches ; ils meurent de faim.

Puisque j’entame ce sujet, je préfère, bien qu’ils ne soient point à leur place chronologique, rapporter ici les renseignements que j’ai recueillis dans le pays, notamment dans les villages que nous avons traversés en quittant Saïrd.

La crainte des exactions et du pillage amène les villageois à ne cultiver que dans la stricte mesure de leurs besoins ; le mouvement commercial est par conséquent borné, et le système primitif des échanges en nature suffit souvent aux transactions ; le numéraire est donc très rare.

  1. Il est à peine besoin de dire que tous les chiffres statistiques sont approximatifs.
  2. Ses principales productions consistent en blé, orge, millet, coton, noix de galle, garance (Bitlis a la spécialité de la teinture rouge dont le Boghtân et d’autres cantons fournissent la matière), raisins, figues, amandes et autres espèces de fruits. Le pays nourrit des moutons et des chèvres ; on en exporte des peaux de panthères, de renards, de chèvres sauvages, etc. Toutes ces productions sont maintenues à leur minimum, par suite de la mauvaise administration.