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CHAPITRE XVIII

l’arrachèrent aux Byzantins en 648. Mais bientôt Bitlis devint la capitale d’une principauté kurde ; ses Begs profitèrent, comme tant d’autres, de la décadence du Khalifat pour affermir leur indépendance. Tavernier dit à leur sujet : « Bitlis est la ville principale d’un Beg ou prince du pays, le plus puissant et le plus considérable de tous, parce qu’il ne reconnaît ni le Grand Seigneur ni le roi de Perse. Le Beg ou prince qui commande en ce lieu, outre qu’il se tient fort de ces passages qu’on ne peut forcer, peut mettre sur pied 20 à 25 000 chevaux et quantité de très bonne infanterie, composée de bergers du pays qui sont toujours prêts au premier commandement[1]. »

Cependant, lorsque le Sultan Mourad IV eut arraché en 1638 Erivan et Baghdad aux Persans, le Beg de Bitlis jugea plus prudent de se soumettre à la Sublime Porte. Au demeurant, profitant de tous les embarras des Sultans, ses successeurs continuaient à se maintenir plus ou moins indépendants ; la Turquie n’exerça sur Bitlis un pouvoir direct en substituant aux Begs ses Valis, qu’après la dure campagne du Kurdistan, que termina en 1847 la défaite de Mahmoud, Beg de Van.


3 Décembre
Départ 7 h. 50 matin.

Toujours la même difficulté à obtenir des renseignements exacts ! Personne ne peut nous indiquer le temps nécessaire pour gagner Saïrd, la ville la plus voisine ! Les appréciations varient du simple au double. Généralement on s’accorde à nous dire qu’il ne faut qu’une journée ; dans ce cas, la carte est bien fautive ! Nous nous mettons en marche au petit bonheur.

Au sortir de Bitlis l’on suit d’abord la route « carrossable » de Bitlis à Saïrd ; au bout de cent mètres elle est déjà impraticable ; après un quart d’heure de marche, on la perd complètement pour retrouver l’antique sentier.

À l’endroit où finit la route, coule une petite source d’eau thermale ; au sortir même de la ville, nous avons remarqué deux

  1. Tavernier, L. iii, ch. 3.