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BITLIS — SAÏRD — LE BOGHTAN

et le Vali se mit tout à notre disposition. Détail caractéristique ; il nous offre des cigarettes — de contrebande.

Reste à découvrir notre logement. Sahto connaît une bonne famille arménienne catholique ; il va nous conduire chez elle. Il faut à cet effet passer sur la rive gauche, ce qui veut dire exécuter dans la rue principale de Bitlis une effrayante dégringolade à laquelle succède de l’autre côté du pont une marche pénible à travers les ruelles du bazar, puis une non moins abracadabrante montée. Elle aboutit à une sorte de longue terrasse et nous découvrons enfin notre gîte. Il est sur le chemin de Saïrd, tout au bout, presqu’en dehors de la ville. On nous reçoit fort aimablement et on nous loge dans un grand divan qui n’a qu’un inconvénient, celui d’être trop grand, partant assez froid.

Il est à peine trois heures ; nous profitons de notre soirée pour aller porter aux missionnaires américains les lettres du Dr Reynolds. Ces messieurs nous reçoivent fort bien, mais avec cette amabilité de glace qui leur est propre. Ils regrettent de ne pouvoir nous inviter à dîner pour le lendemain dimanche : le repos du Sabbath les en empêche. La conversation très réservée ne nous apprit rien de neuf.


2 Décembre.

Nous commençons notre journée par assister à l’office divin dans la petite chapelle des Arméniens catholiques ; à peine rentrés chez nous, arrive un aide de camp du Vali, que celui-ci envoie nous saluer et s’informer de nos besoins. Comme je désire prendre quelques photographies de la ville, je prie l’officier de faire mettre à ma disposition un policier pour me guider et écarter la foule.

Puis, ô merveille, voici les Américains ! Après mûre délibération, ces messieurs avaient conclu que de rendre visite à des étrangers, hôtes d’un jour à Bitlis, ne serait point violer trop gravement le repos du Sabbath. Connaissant la rigidité un peu pharisaïque des observances américaines, nous leur savons vraiment gré de l’exception faite en notre faveur.