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CHAPITRE XVII

un lac de 1 500 coudées de profondeur et de 3000 (? ?) parasanges[1] de tour !

Après quatre heures de marche, nous touchons à une charmante anse que domine au Nord un promontoire rocheux, isolé. Le village de Quezwâk fait pendant au promontoire sur la rive sud de cette petite baie. Il semble prospère. Nous retrouvons ici pour la première fois depuis Guiänguiätchine les toits de pisé pointus au lieu de terrasses plates.

Quezwâk a une église arménienne assez ancienne et de jolie construction. C’est un carré inscrivant une croix grecque que surmonte une coupole ; les bas-côtés sont voûtés en plein cintre et viennent tous s’appuyer sur les quatre piliers qui portent la coupole.

Pendant que nous examinons l’église, survient un Arménien habillé à l’européenne et se disant ministre anglais. La modestie n’est pas son fort, car il nous assomme du récit des œuvres méritoires qu’il a faites ; il finit enfin par où nous lui eussions permis de commencer — par nous proposer un marché. Il a à notre disposition un cheval, un fusil et maints autres articles dont nous n’avons nul besoin. Nous plantons là ce singulier personnage et continuons notre chemin.

La dernière partie de la route est bien plus pittoresque, mais aussi plus difficile. Ce ne sont que petites montées et descentes. Partout où le chemin est creux, de grands amoncellements de neige forcent à des détours ; heureux que le dégel nous ait dégagé le reste du chemin, car il y a huit jours, il devait être presque impraticable. Le Nimroud-Dagh devient plus majestueux à mesure que l’on

  1. Le parasange, sur la valeur duquel on n’est pas toujours d’accord, représente grosso modo l’espace qu’un homme parcourt au pas pendant une heure, soit 4 à 5 kilomètres. Il ne serait peut-être pas impossible de tirer de cette légende quelques données sur la formation du lac de Van. Strecker-Pacha dans son remarquable travail sur la retraite des Dix-mille donne constamment aux parasanges indiqués par Xénophon la valeur d’une mesure représentant un temps de marche, beaucoup plus qu’un espace déterminé parcouru par ses troupes. Représentant la marche d’une armée, en pays montagneux et ennemi, le parasange de Xénophon doit être comme mesure de distance, très faible.