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LE SIPAN-DAGH — AKHLÂT, ETC.

abandonnées dont les restes témoignent souvent d’un art décoratif assez avancé. Je crois qu’il faut chercher la raison d’être de ce genre d’habitations dans les conditions de climat et de terrain, et non dans les traditions de peuplades troglodytes. Entre la grotte naturelle où se réfugie le troglodyte et ces demeures souterraines, soigneusement travaillées, il y a tout l’intervalle qui sépare l’état social le plus sauvage d’une haute civilisation.

Quant aux conditions de terrain et de climat, j’y attache la plus grande importance. Rome, avec son sous-sol de tuf, tout à la fois aisé à travailler et solide, a vu se ramifier un réseau souterrain de catacombes, d’un développement de plusieurs centaines de kilomètres. Il me semble naturel que dans un pays où les hivers sont rigoureux et les étés très chauds, et où le bois a dû d’assez bonne heure être rare, on ait été amené très rapidement à se creuser des habitations d’une éternelle solidité dans une roche dont le noyau, assez facile à entamer, durcissait ensuite au contact de l’air. On avait ainsi des demeures où, de fait, la température se maintenait constante, tandis que les écarts de température de l’extérieur la faisaient paraître chaude en hiver, fraîche en été.

Les habitations de Matavantz, échelonnées en gradins sur les flancs de la gorge, sont presque toutes souterraines. Une vieille église arménienne, pittoresquement accrochée au rocher, sur plombe la rive gauche du torrent. Elle aussi est, en très grande partie, creusée dans le roc.

Au retour de Matavantz, nous escaladons le plateau (5 du plan) dont j’ai déjà parlé. Il domine la jonction de la vallée principale et d’un petit vallon sans eaux, dans lequel descend le sentier qui vient d’Adeldjivas. Au Nord il est séparé du plateau supérieur par une légère dépression, peut-être artificielle. C’est là que s’élevait la forteresse, et sans doute aussi le palais des Sultans d’Akhlât. Le Shah de Perse, qui fit raser ces constructions en 1548, n’y laissa pas pierre sur pierre, et aujourd’hui ce n’est qu’un champ labouré.