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CHAPITRE XVI

géologique importante ; nous l’avons franchie et nous entrons désormais dans la région volcanique, dont le Sipan-Dagh est le centre. La nature volcanique du terrain et l’exposition des pentes au midi, donnent à cette rive du lac un climat beaucoup plus doux qu’à la rive sud. La neige a presque complètement disparu ; nous ne sommes plus en hiver, c’est encore l’automne.

Partout les perdrix rappellent, et un chasseur serait en pays de Cocagne.

Nous traverserons d’abord le pays d’Arnis, où plusieurs villages se cachent au pied de la montagne. Puis nous franchissons une rivière et une demi-heure après, laissons à notre droite, perché sur une colline, le village de Haidarbeg. Marchant d’une bonne allure, nous avons bientôt rattrapé notre bagage.

Arrivée 6 heures soir.

À notre grand étonnement, la plaine d’Ardjîch qui s’étend à nos pieds est couverte d’une neige épaisse. Sa vallée est sans doute assez ouverte aux courants du Nord et, partant, plus froide. La nouvelle Ardjîch, ou pour parler plus exactement, Agantz, est une petite ville bâtie à une heure et demie environ du lac et entourée d’une ceinture de villages. L’endroit, assez animé, a de l’importance comme relais sur le chemin de Van à Erzeroum. Les maisons y ont un certain confort ; ainsi nous occupons une assez grande chambre éclairée par des fenêtres à carreaux de papier huilé. La misère y semble toutefois extrême, car je vois courir dans les rues, presque nus et grelottants par un froid piquant, des enfants de 12 à 15 ans.

Agantz a une petite garnison turque et nous y retrouvons un de nos amis de Van, Khalil-Effendi, parent de Mounir-Pacha. Il nous confirme les récits merveilleux que l’on nous avait faits sur l’Ilân-Dagh, ou montagne des serpents. Cette montagne, très célèbre dans tout le pays, mérite plutôt le nom de colline ; elle domine le chemin de Haidarbeg à Agantz ; nous y avons donc passé ce matin sans nous en douter.

Des grottes naturelles s’ouvrent au pied des rochers, et dans les fissures de ces grottes, logent de grands serpents ; ils y sont