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DE VAN À AGANTZ

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nuages empourprés lui fait une ceinture de gaze, tandis que sa cime neigeuse, reflétant les tons du soir, s’harmonise avec ces fonds où l’azur vient se perdre en une teinte d’émeraude. Pas un bruit ; près de nous, un berger rentrant son troupeau ; au loin un vol de grands oiseaux blancs.

Nous voici au pont du Bendimahi-Tchaï ; il est vieux, un peu délabré, mais il date du temps où dans ce pays on savait encore construire élégamment et solidement.


Le Sipan-Dagh vu du delta du Bendimahi-Tchaï.

Ce pont sert à la route carrossable de Van à Erzéroum.

Oui, une route carrossable ! Elle est telle, à en juger du moins par les chiffres pour lesquels elle émarge au budget du Sultan ! La réalité est un peu différente. Au sortir de Van, le désarroi commence dès le second ponceau, qui est écroulé. Plus loin, il n’est plus question de ponceaux ni de ponts ; les premiers terrassements sont faits, mais les travaux ultérieurs seront exécutés, Dieu sait quand ! La raison en est bien simple ; il fallait une route ; le Sultan donne le crédit, et les travaux sont commencés ; mais quand, à force de se partager des pots de vins sur le budget accordé, les Valis et leurs acolytes ont mis la bourse à sec, on cesse tous travaux ; la route est déclarée faite, et tout est bien.

À Bachekaleh nous avons vu une route de montagne commencée dans les mêmes conditions. Aussi bien, personne ne se fait illusion ; personne n’attend l’achèvement de la route. Depuis Van nous en suivons le tracé visible, sous la nappe de neige ; mais pas un voyageur n’y passe. Piétons et arabahs suivent le