Page:Müller-Simonis - Du Caucase au Golfe Persique.pdf/350

Cette page a été validée par deux contributeurs.
266
CHAPITRE XV

niennes des églises lui donnent un cachet antique, tandis que la note moderne est fournie par des bâtiments d’école encore inachevés, Le couvent proprement dit est bien en décadence ; il ne renferme que quelques religieux qui ont l’air fort « brave homme », mais peu cultivés ; ils nous reçoivent très aimablement sans être le moins du monde effarouchés de notre qualité de prêtres catholiques et partagent très volontiers notre repas.

D’après son nom, le monastère doit contenir sept églises ; avec un peu de bonne volonté on arrive à ce nombre ; mais la plupart sont en ruines.

L’église principale est assez jolie ; comme presque toutes les églises arméniennes, elle se compose de deux parties très distinctes reliées par une porte. De ces deux parties, le sanctuaire est le plus délabré ; l’église des fidèles est en meilleur état, et sa coupole se dégage des piliers d’une façon fort élégante. Des peintures d’aspect très antique, à demi-perdues dans l’obscurité, attirent mon attention, et je me mets à les étudier ; quel n’est pas mon effroi en voyant se dégager de l’ensemble des perruques et des jabots Louis XV ! Il n’y avait qu’une chose d’antique : la grossièreté de l’exécution !

Le couvent conserve avec soin le trône en bois du roi Sennachérib !

À la première annonce de cette merveille, j’eus toutes les peines du monde à ne pas éclater de rire. La chose est peut-être moins risible qu’elle ne paraît — il ne s’agit sans doute pas du fameux monarque assyrien, mais d’un Senek’harim, qui était roi de Vaspourakhan au xie siècle[1]. C’est probablement celui dont les moines prétendent, à tort ou à raison, posséder le trône. En tout cas, ce fauteuil est un très bel échantillon du vieil art arménien.

Hyvernat note plusieurs inscriptions cunéiformes encastrées dans les murs.

Une de ces inscriptions, une fort belle stèle, sert de linteau à la

  1. Ritter’s Erdkunde, ix, 662.