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CHAPITRE XIV

Au moment où arrivant à Van, nous nous heurtions aux misérables difficultés dont j’ai parlé, nos regards se portaient avec mélancolie vers cette citadelle où nous n’espérions plus pouvoir pénétrer. Mais ici commande Mounir-Pacha, et j’ai dit avec quelle amabilité il nous accueillit ; aussi nous donna-t-il immédiatement les autorisations les plus larges. Nous tenions cependant, plutôt pour lui que pour nous, à ne pas les mettre à profit avant que notre situation ne fût à peu près éclaircie.

Enfin, le 1er Novembre, rendez-vous fut pris avec le capitaine de garde pour visiter la citadelle.

Les remparts qui la défendent et entre lesquels se glisse le chemin d’approche sont, vus de près, bien misérables.

L’immense rocher qui porte la citadelle n’est qu’une seule masse de calcaire nummulitique de la plus incroyable dureté. Sa partie centrale, qui est aussi la plus élevée, forme un plateau inégal où sont construits le donjon et ses dépendances ; ce plateau se rattache à la plaine vers le Nord par un talus relativement aisé, coupé en plusieurs terrasses. Celles-ci sont garnies d’artillerie — entendons-nous ; ce sont de vieilles pièces persanes, enclouées depuis des siècles ; les unes gisant à terre, d’autres juchées sur des affûts comme en pouvaient connaître nos forteresses du xve siècle. Le donjon contient un dépôt de pièces de campagne représentant en somme le seul moyen de défense de la place.

Des deux côtés de cette plateforme centrale le rocher s’abaisse un peu, mais formant partout au-dessus de la ville un effroyable à-pic ; aussi bien, aucune muraille ne le défend-il de ce côté. Vers le Sud-Est une dernière petite plateforme fortifiée domine la porte de Tebriz (Tebriz-Kapou).

Au-dessous de cette plateforme une grande niche taillée dans le roc contenait une inscription cunéiforme que des mains barbares ont entièrement mutilée.

Les inscriptions forment pour le savant l’attrait principal de Van et de ses environs. Rédigées toutes en caractères cunéiformes, suivant le syllabaire assyrien, elles ont jusqu’ici mis les interprètes