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CHAPITRE XII

ainsi jusqu’à une portion plus plane de la vallée ; là les Vanlis ont installé un barrage pour la réserve de leurs eaux d’irrigation ; ce barrage est déjà fort loin de Van ; mais il n’est lui-même que le collecteur de tout un système de canaux très habilement amenés de plus haut. Ces canaux, contournant les pentes brusques de la montagne, témoignent souvent d’un travail sérieux ; malheureusement tout se fait à la turque, et ces travaux qui ont dû être si coûteux, sont mal entretenus.

Après trois heures de marche, nous atteignons Toni, petit village caché dans un recoin de la montagne. On nous prépare la maison d’un notable ; ce n’est qu’une chambre, c’est-à-dire un terre-plein, ménagé sur le côté d’une grande écurie et séparé de celle-ci par une balustrade.

Pendant le repas nous demandons des renseignements ; l’inscription cunéiforme existe ; mais quant à indiquer exactement sa position, ou bien le temps nécessaire pour s’y rendre, nul n’en est capable ; elle est à portée de fusil, dit l’un ; il faut deux heures pour y aller, reprend un autre ; on peut encore faire l’excursion cet après-midi, prétend un troisième ; point du tout, lui répond-on, il faut toute une journée. Tous cependant s’accordent à dire qu’une partie de l’inscription est engagée sous des décombres ; le sol est gelé et recouvert de neige ; le travail de déblaiement serait impossible, personne n’ayant de pic. En prenant la moyenne de tous les renseignements contradictoires, il semble résulter que la visite de l’inscription prendrait, aller et retour, une demi-journée depuis Toni. Comme nous n’avons pas les vêtements nécessaires pour coucher à pareille altitude et que le temps est très menaçant, nous décidons de battre en retraite. Après avoir essuyé un ouragan de neige, nous rentrons ainsi bredouilles à Van.

Pour ces ouragans, la bourka circassienne que j’ai achetée à Wladikavkaz est d’un grand secours ; c’est une sorte de grande chape en feutre à longs poils, tombant jusqu’à terre ; on la tourne de façon à avoir toujours l’ouverture, du côté opposé au vent, et l’on se trouve ainsi parfaitement à l’abri.