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NOS TRIBULATIONS À VAN

7 heures et demie, nous avions congédié les zabtiés à pied, que nous supposions devoir nous retarder !

Nouveau crime ! nous avons télégraphié au Père Rhétoré de venir à notre rencontre hors de la ville (nous avions télégraphié d’envoyer à notre rencontre). C’est un complot préparé, une conspiration ! impossible de faire entendre au Vali que nous avions télégraphié uniquement afin d’avoir un guide pour nous conduire à travers les jardins de Van et ne pas nous égarer, comme avait fait M. Binder[1].

Troisième crime : Alors que le gouvernement, par une attention délicate, avait envoyé quatre zabtiés et un sergent pour nous conduire au poste, nous avions résisté ! Nous nous efforçons d’expliquer qu’en aucun pays civilisé on n’envoie à un voyageur pourvu de papiers en règle et muni d’une mission de son gouvernement, cinq gendarmes hors de la ville, pour le conduire au gouvernement, c’est-à-dire au poste, avant qu’il n’ait gagné son domicile. Que si on nous avait fait attendre par un zabtié qui, après nous avoir accompagné à domicile, nous aurait informés d’avoir à nous présenter immédiatement au gouvernement, tout aurait été bien.

Enfin arrive la question de la protection russe !

Là le Vali ne garde plus aucune mesure et parle comme un énergumène. Comme toutes les dépêches arrivant à Van lui sont communiquées, il sait que nous n’avons qu’une protection officieuse ; il est plus ou moins au courant des difficultés entre le Consul et Chérifoff ; aussi a-t-il la partie belle, et il en profite !

Il accuse les Pères de rébellion et les menace de leur faire sentir sa colère à l’avenir. « Si vous continuez à garder vis-à-vis de moi une attitude offensante, je me vengerai ; et ce que je ne pourrai vous faire payer, les Pères le payeront pour vous ! » Cette phrase nous remplit d’angoisse ; car les Pères ont déjà

  1. Binder, p. 132.