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NOS TRIBULATIONS À VAN

On recommence une petite chasse de marais après laquelle M. Chérifoff offre le déjeuner sur les mêmes rochers où nous avions cassé la croûte dans notre précédente partie avec M. Russell ; puis, en marche pour Artchag.

Le déjeuner avait été bien arrosé, les têtes étaient gaies ; peu à peu on commence à accélérer l’allure des chevaux ; à un moment donné l’on part au galop, et sur un bon terrain, commence une charge à fond de train. Arrive un fossé bourbeux ; mon cheval prend mal son élan, pique une tête, fait panache complet et nous voilà tous deux par terre, moi sous ma bête. Heureusement mon cheval est resté immobile d’ahurissement, et j’ai pu me dégager sans mal, mais non sans crotte ; le cheval aussi était indemne.

Nous n’arrivons à Artchag qu’à la nuit noire après une halte pittoresque auprès d’un feu de marchands d’arpous, un vrai feu de bois bien pétillant, en plein air, et qui donnait une délicieuse impression de bien être après tous ces feux de bouse de vache et d’épines qui sont l’ordinaire en Orient. Nous sommes logés, les uns chez le Curé, les autres dans la maison voisine. Le dîner que M. Russell nous fait servir est « pur Orient » et les doigts y ont selon l’étiquette antique, le rôle principal. Un mouton rôti tout entier est la pièce de résistance, et il n’est certes pas facile d’en avoir raison ! Le lendemain matin nous prenons congé de M. Russell qui continue sur Bayazid, tandis que nous reprenons le chemin de Van.

Le lac d’Artchag dont le chemin de Van longe les bords n’a aucune grâce dans ses contours ; ses eaux sont encore plus salées que celles de Van. Autrefois le lac était coupé en deux parties par une barre peu élevée[1]. Son altitude est d’environ 1 800 mètres.


4 Novembre.

Après trois journées d’attente énervante, voici au moins une partie de notre monde ! Guégou-Chaoudi arrive, amenant avec lui Houchannah et Lazare. Ce dernier est un voyageur surnumé-

  1. Hommaire de Hell, i, 317.