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NOS TRIBULATIONS À VAN

d’aplomb ; une seule porte fonctionne. Dans un but que je je n’ai pu deviner, on a eu soin de faire les sièges en pente ; les ressorts ont les formes les plus fantastiques et il y entre plus de ligatures de cordes que de métal. Mais tout cela n’est rien à côté du cheval de droite ! Dès le départ, il nous témoigne son mécontentement par force coups de pieds ; nous arrivons cependant tant bien que mal au village de Sighkeh[1]. Là nous trouvons deux fragments d’inscriptions cunéiformes au bas des deux chambranles de la porte qui donne accès dans l’atrium de l’église ; dans l’atrium même se trouve un autre fragment, par terre. Ils sont tous trois en bon état et leurs caractères sont fort beaux. Le fond d’une niche, à droite de la porte de l’église, est formé par une autre inscription très mutilée. L’église est ancienne.

Au sortir du village, le chemin domine un petit ravin ; notre fameux cheval, qui choisit ces endroits pour faire ses plus belles résistances, nous oblige à descendre deux ou trois fois de voiture, si bien qu’à la fin nous campons là notre carrosse et nous nous juchons sur une arabah à buffles qui se trouvait à portée ; cela grimpe lentement, mais du moins sûrement.

Les buffles ne marchent guère qu’au son de la voix et le conducteur fredonne constamment une chanson sur un air triste et monotone.

L’arabah est un char de la construction la plus primitive ; les deux roues sont pleines et font corps avec un gros essieu en bois ; le bâti de l’arabah pose sur l’essieu sans autre coussinet que des branches de saule fraîches qui s’usent au frottement et font office de graisse.

À mesure que nous grimpons, la masse sombre et rocheuse du Varak qui se dresse à notre droite, donne au paysage des aspects très sauvages. Le village de Tchoravantz[2] reste à notre gauche. Avant d’arriver à Deïrmankeuï nous déballons nos provisions près d’une source de bonne eau fraîche. À Deïrmankeuï

  1. Prononcez Sirket.
  2. Sur Tchoravantz ou Tsoravankh, voir Dulaurier, Chronique 396.