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D’OURMIAH À VAN

rable village ; la formation du vilayet de Hakkiari, dont il devint la capitale, lui donna un certain essor. Le vilayet a de nouveau été supprimé et réuni à celui de Van ; mais Bachekaleh gardera son importance, car il est un poste avancé dans le Kurdistan et pourra servir un jour de station de transit entre la Perse et la Turquie, si jamais le gouvernement turc arrive à rendre les routes sûres. Actuellement Bachekaleh est une station télégraphique importante sur la ligne turco-persane, comme point de départ de l’embranchement du Hakkiari.

L’on voit au sortir de la ville les ruines d’une route carrossable qui n’a pas été achevée et dont les ponts sont à faire.

Donc nous n’avons point rencontré de brigands sur notre route ; mais nous avons vu de beaux types kurdes. Ces Kurdes ont fait dans les vallées que nous avons traversées, de remarquables travaux d’irrigation, prenant l’eau à des distances incroyables pour l’amener de niveau au sommet des collines, arroser un petit pré. Ces canaux sont faits sans instruments de nivellement, à l’œil. Malheureusement, il semble que les Kurdes ne tirent pas tout le parti possible de leurs travaux. Toujours la même répétition : une terre fertile, mal cultivée faute d’intelligence pratique, et surtout faute d’un bon gouvernement.

Vers trois heures du soir, je descends dans la plaine pour photographier la ville ; au retour, je croise toute une bande de fonctionnaires, le vékil (suppléant) du Moutessarif en tête. Ces messieurs ne veulent pas avoir l’air de s’être mis en branle à cause de moi ; ils s’éclipsent ; mais à peine ai-je passé qu’ils appellent Guégou pour l’interroger — évidemment il se prépare quelque chose. Je rentre chez Iskender-Effendi ; nous recevons la visite de Isaak-Khân, Consul de Perse, jeune homme d’un type très fin, parlant bien le français. À peine était-il parti, arrivent le chef de police et un capitaine. Le capitaine me demande assez grossièrement en vertu de quelle permission j’ai « osé » prendre la photographie de la ville. Je lui fais répondre que je l’ai prise sans penser à mal et parce que la vue me plai-