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CHAPITRE XI

sources sulfureuses ; le temps est désagréable et les chevaux traînent. Vers le soir nous remontons un petit affluent du Zab dont les méandres sont plus curieux encore que ceux de cette rivière et venons coucher à Khatibâba.

Arrivée 6 h. 15 soir.

La maison est très basse, mais assez grande ; la chambre que l’on nous donne est désagréable ; aucune ouverture, sinon la cheminée faisant face à la porte. Quand nous bouchons la cheminée, nous étouffons ; la laissons-nous ouverte, le courant d’air est atroce ; la chambre est au demeurant très « habitée ». Après une journée fatigante, Hyvernat est gratifié d’une bonne migraine ; Kascha-Isaac et moi, nous ne valons guère mieux ; le pauvre Guégou qui était en veine et avait fait une délicieuse omelette aux tomates, ne peut se consoler du peu d’honneur que nous lui faisons !


5 Octobre
       Départ 7 h. 30 matin.

Pour gagner Bachekaleh, qui est situé sur un affluent du Zab, il est inutile de rejoindre la grande vallée ; nous prenons au plus court à travers les collines. Une pluie diluvienne nous surprend en chemin[1].

Arrivée 10 h. 45 matin.

À Bachekaleh nous sommes reçus d’une façon charmante par Iskender-Effendi, employé à la régie ottomane des tabacs. Il est Italien d’origine, et se morfond ici dans la monotonie de ce poste perdu et dans les agacements et les dangers d’une administration ottomane.

À Bachekaleh[2], pittoresquement situé sur les flancs occidentaux des monts Ispiris (à 2 000 mètres d’altitude — nos baromètres marquent 2 140), s’étage en gradins que domine une vieille forteresse ; c’est la ville la plus élevée de Turquie ; ses étés sont beaux et tempérés ; les hivers y sont longs et neigeux, plutôt que froids ; le blé y pousse très bien ainsi que l’orge et le riz.

Il y a une trentaine d’années Bachekaleh n’était qu’un misé-

  1. Il paraît que de fait la rivière de Bachekaleh, quoique très courte, est donnée pour le véritable Zab ; son débit est sans doute plus considérable que celui de la rivière Zeï, beaucoup plus longue, venant du Nord et qui arrose l’Albâg.
  2. La forteresse de la tête (des eaux).