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D’OURMIAH À VAN

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Elle passe toute la soirée avec nous ; nous sommes bien loin de la réclusion des femmes persanes ! On sent que cette femme, malgré la grande infériorité où elle reste vis-à-vis de son mari, est vraiment « maîtresse de maison ». La petite fille, gamine de dix mois a déjà l’aspect déluré et sauvage[1].

Cette supériorité de la femme kurde a été constatée par presque tous les voyageurs. Ces populations menant une vie à demi-nomade, la femme participe à tous les dangers, à toutes les fatigues des hommes ; souvent elle fait preuve d’un courage admirable, et ainsi peu à peu elle est arrivée à se créer dans la famille une situation assez relevée. Quant aux hommes, on peut appliquer à chacun d’entre eux le jeu de mot turc : « Kurd-Kurd » En turc le mot Kurd désigne à la fois le nom du peuple et le loup ; la coïncidence est piquante entre les instincts rapaces de ce peuple et ceux du carnassier dont il porte le nom.


Charrue kurde.

Pilounkiegh ne doit être qu’une station d’été, car l’importance des troupeaux qui se massent autour du hameau pendant la nuit, n’est nullement proportionnée aux dimensions des écuries et les demeures ne semblent pas faites pour l’hiver.


4 Octobre 
départ 6 h. 30 matin.

Notre journée débute par une dégringolade effroyable où nos chevaux manquent de se tuer. Puis, ce ne sont que montées et descentes où nous sommes presque constamment à pied ; car,

  1. E. Reclus, Géogr. ix, 446, donne une très bonne description des Kurdes.