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CHAPITRE XI

rivières ; la rivière de droite est celle que nous avons descendue ; la rivière de gauche, qui semble le bras le plus important du Néhil-Tchaï est celle sur laquelle Kiepert place le Diza de sa carte, à 28 kilomètres en amont.

Diza étalé en gradins autour d’une colline couronnée par une vieille citadelle, formait dans la pénombre du soir un très pittoresque tableau. Notre entrée dans la ville fut des plus amusantes. Nous avions demandé à Guégou s’il connaissait Diza ; il nous avait répondu que non. Or, voici de tous côtés des types de brigands qui s’approchent avec un « heh Guégou ! » tout à fait familier. Nous demandons des explications : « Mon père, dit Guégou en riant, c’est vrai, Chaoudi ne pas connaître Diza ; mais — il accompagne son dire d’un geste significatif — Chaoudi très bien connaître autour » ! Le vieux brigand avait « croisé » par ici dans son beau temps. Autre incident ; les maisons sont adossées à la colline et sont même à moitié souterraines ; leurs toits en terrasse prennent donc au ras du sol. Dans l’obscurité nos chevaux font à chaque instant d’involontaires promenades sur ces terrasses, au grand effroi des femmes.

Enfin nous arrivons chez le curé chaldéen, moine du couvent de Rabban-Hormez, Kascha-Guiverghis : la réception est toute patriarcale. Nous sommes logés dans la chambre même du curé, proprette et bien garnie de tapis. À peine sommes-nous assis, qu’arrive un domestique portant une belle aiguière persane ; il s’agenouille, nous enlève nos chaussures et se met à nous laver les pieds. Cette opération, faite avec gravité et avec la conscience d’un devoir d’hospitalité rempli, nous rend tout rêveurs. Ne retrouvons-nous pas en plein xixe siècle la forme même de la politesse hospitalière des temps d’Abraham ?


3 Octobre.

Aujourd’hui grasse matinée ; il faut passer la douane, faire visite au Kaïmakan (chef du Kaza ou arrondissement de Guiavar), et aucun des fonctionnaires n’est pressé de se lever. Le Kaïmakan nous reçoit fort aimablement ; mais la douane est restée turque.