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D’OURMIAH À VAN

Le col est défendu par un poste interlope qui nous donne de sérieuses inquiétudes ; il nous attend sous les armes et nous dévisage de pied en cap. Est-ce un poste du gouvernement ? est-ce un poste d’observation d’une bande kurde ? L’un vaut l’autre au fond, et nous sommes bien contents de pouvoir exhiber nos fusils et passer la tête haute.

En retrouvant la vallée du Nazlou-Tchaï, avant d’arriver à Guiänguiätchine, nous passons devant un camp de nomades kurdes. Leurs grandes tentes, brun-noir, sont pittoresques ; mais d’un aspect triste ; elles n’ont absolument rien d’engageant.

La plaine de Guiänguiätchine me semble avoir été autrefois un lac qui aura brisé ses digues, et se sera vidé par les défilés que parcourt le Nazlou-Tchaï en sortant de la plaine ?


Arrivée 4 h. 35 soir.

Un Chrétien, notable du lieu, nous reçoit dans sa demeure. On y pénètre par un couloir qui sert en même temps d’écurie.

La maison proprement dite, est une salle rectangulaire ayant environ 8 mètres sur 6. Le toit n’est plus plat comme dans la plaine d’Ourmiah ; quatre colonnes en bois, placées au quart de chaque diagonale de la salle, portent deux poutres, sur lesquelles posent à angle droit deux autres poutres ; celles-ci, à leur tour, en portent deux autres, et ainsi de suite. Chaque assise étant en retrait sur l’assise inférieure, l’ensemble forme un échafaudage pyramidal qui est recouvert de clayonnage et sur lequel pose la toiture en pisé. Le sommet du toit est ouvert sur une largeur de deux pieds environ ; cette ouverture sert à la fois de fenêtre et de cheminée ; la nuit on la bouche.

La maison comprend bien encore quelques chambres accessoires, mais elles sont occupées par le collecteur d’impôts qui s’est installé dans le village et met le pays en coupe réglée. Cet honorable fonctionnaire, qui souffre des fièvres, vient immédiatement nous demander une consultation[1].

  1. On prétend (cf. Ritter’s Erdkunde, ix, 746), que quand vers l’automne les nuits commencent à fraîchir, les fièvres intermittentes règnent dans tout le Kurdistan. Pour nous, nous n’en avons jamais souffert.