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LES MISSIONS D’OURMIAH, ETC.

pour ne former qu’une seule et même Église, ne fut pas peu étonné de recevoir pour réponse : « Vous autres Catholiques, vous fumez la pipe les jours de jeûne : c’est un grand péché[1] ! »

Les Chaldéens, les Nestoriens surtout, pratiquent en grand un singulier commerce, fort peu honnête, très lucratif, paraît-il, et que les missionnaires ont eu jusqu’ici assez de peine à combattre. Grâce à la légèreté avec laquelle les évêques nestoriens donnent des lettres testimoniales, un grand nombre de leurs fidèles s’en vont parcourir la Russie sous le déguisement de prêtres quêteurs. Les paysans russes, gens simples et naïfs s’y laissent prendre ; ces faux prêtres sont appelés auprès des malades ; l’un d’eux, retiré du métier, me racontait non sans fierté comment, ne sachant pas lire, il ouvrait gravement dans ces circonstances un bouquin quelconque, et marmottait, non point des prières, mais des injures à l’adresse de ces pauvres dupes naïves ! Le métier est fort avantageux ; on accuse un évêque nestorien d’avoir fait avec ces escrocs une véritable société en commandite, où il proportionne son gain au grade hiérarchique que reconnaissent ses lettres testimoniales.

Les Chaldéens sont d’ailleurs, pris dans leur ensemble, fort vagabonds. Ne trouvant pas de débouchés dans leur pays, ils vont chercher fortune à l’étranger. Ils en reviennent démoralisés ; généralement leur argent ne leur profite guère, car ils se hâtent de le dévorer.

On cite comme une exception la tribu montagnarde des Tiari ; elle n’est pas vagabonde et elle est renommée pour une honnêteté scrupuleuse et une grande pureté de mœurs.

  1. Annales de la Prop. de la Foi, iii, 128.