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CHAPITRE X

Avant de quitter Ourmiah, je veux rapporter ici, sans ordre et au hasard, quelques usages auxquels on m’a rendu attentif.

Chez les Chaldéens, la nouvelle mariée reste voilée pendant deux ou trois ans. Pendant quatre ou cinq ans elle ne doit parler à sa belle-mère que par signes ou par l’intermédiaire des enfants de la famille. Jamais elle ne doit parler à son beau-père, tant que celui-ci ne lui en a pas donné l’ordre ; il y a des vieilles femmes qui jamais n’ont parlé à leur beau-père. En dehors de ces deux personnes, la jeune mariée ne parle qu’aux enfants de la famille et jamais aux hommes faits. Ces usages qui paraissent singuliers ont, paraît-il, leur raison d’être assez justifiée.

On marie généralement les jeunes filles dès l’âge de 12 ans ; mais les missionnaires réagissent contre cet usage, qui a de très mauvais résultats pour la race.

Les habitants d’Ourmiah ont une horreur superstitieuse des batraciens, et donnent aux catholiques le sobriquet de « mangeurs de grenouilles », parce qu’ils ne partagent pas cette aversion, et que quelques-uns même, à l’exemple des missionnaires, vont jusqu’à manger de cet animal. Ne serait-ce pas un reste des croyances mazdéennes qui considèrent la grenouille comme impure et devant être détruite[1] ?

Les Chrétiens mangent en général plus de viande que les Musulmans de Perse. Cependant ils sont très sévères sur leurs jours de jeûne. Les œufs, le poisson, le beurre et le lait sont alors interdits, et ils se nourrissent de pain, de fèves, de quelques autres légumes et de fruits ; toutefois ce jeûne est plutôt une très sévère abstinence, car les prescriptions relatives au temps ou à la quantité du manger, sont loin d’être aussi sévères qu’on le croit généralement.

Il est certains usages relatifs aux jours de jeûne, auxquels les Nestoriens tiennent fort. Un missionnaire, demandant à un prêtre nestorien pourquoi les siens ne se réunissaient pas aux Chaldéens

  1. Cf. Lenormant, Hist. d’Orient, v, 402.