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CHAPITRE X

Actuellement, plus on va, plus l’œuvre catholique parmi les Nestoriens devient difficile. Perkins a laissé sa trace ; et les calomnies répandues par lui à profusion, ont engendré bien des préjugés et des haines.

De plus, la présence des deux missions, catholique et protestante, constitue une épreuve difficile pour les caractères. Outre qu’elle favorise le scepticisme, elle amène facilement les Nestoriens à faire des calculs d’intérêts, à régler leur manière d’être d’après les avantages qu’ils espèrent. Il est vrai que ceux qui font ces calculs, ne trouvent guère leur compte à venir frapper à la porte des Lazaristes, chez qui l’argent est rare et la dépense strictement réservée aux œuvres essentielles.

Toutefois, quelque pauvrement que vivent les Lazaristes qui ne touchent aucun traitement ; quelque simple que soit leur installation, les traditions européennes y introduisent cependant un ordre, une organisation, des soins de détail, qui mettent leur établissement au-dessus des demeures du pays. C’est là la source d’un certain danger inévitable pour l’Oriental ; le danger de la jalousie, et celui de l’imagination qui se représente des monceaux de richesses cachées derrière les murs de la mission !

Pour les Lazaristes, ce danger est réduit à son minimum. Mais il constitue, à mon sens, un des secrets de l’infécondité relative de la mission américaine. Sans doute, le premier motif est à chercher dans l’anarchie dogmatique, qui produit autant de Credos que de missionnaires ; mais un motif au moins aussi puissant est le manque d’ascendant moral. Installés avec confort, vivant en famille, touchant un traitement fixe de 6 à 800 tomans qui, vu la valeur du numéraire en Perse, représente bien au delà de la valeur nominale (1 toman = 10 krans = environ 7 fr.75) ; recevant une prime à la naissance de chaque enfant ; demeurant en Perse un temps donné, après lequel les attend en Amérique une honorable retraite ; ne gardant dans leur port absolument rien de clérical, ces missionnaires font plutôt la figure d’ouvriers philanthropiques, suivant une très honorable carrière, que de mission-