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LE PAYS D’OURMIAH, ETC.

habitudes à ajouter à leurs vices natifs, et ils n’en rapporteront que peu de science vraie.

Autrefois, les voyages étaient grandement facilités par le réseau des caravanséraïs ou khâns qui couvrait la Perse. Ces khâns étaient souvent des édifices grandioses élevés par les Shahs ou par de simples particuliers ; des fondations en assuraient l’entretien ; actuellement de toute cette organisation il ne reste que des vestiges.

Le Persan voyage à cheval. L’on trouve de fort bons chevaux en Perse ; mais ceux des caravanes sont généralement mauvais marcheurs ; les Persans les font travailler trop tôt et les usent vite. Les mules et les ânes sont très répandus ; il est d’usage de fendre les narines à ceux-ci pour leur faciliter la respiration ; et l’une des grandes vengeances que se permet un Persan, consiste à couper les oreilles à l’âne de son ennemi. À en juger par le nombre d’oreilles coupées que nous constatons, il faut croire que le Persan est très rancunier !

Les transports commerciaux se font à dos de chameau, et cet animal sert aussi à transporter les femmes. Comme celles-ci doivent voyager dans la plus stricte réclusion, on les renferme dans des espèces de niches appelées kadjawahs ; un chameau porte deux de ces niches s’équilibrant mutuellement. Les grandes dames voyagent cependant de préférence en litière. Ces litières (takht-i-rewan) soigneusement grillagées sont portées par deux mulets. Les hommes de qualité s’en servent aussi parfois lorsqu’ils craignent la fatigue du voyage à cheval.

La rencontre d’une grande dame en voyage est généralement chose fort désagréable, surtout quand cette dame fait partie du harem royal. Un courrier, devançant la caravane, publie le « couïrouk », c’est-à-dire l’ordonnance enjoignant d’évacuer entièrement les endroits par où doit passer le cortège. Cette ordonnance doit s’exécuter avec une grande rapidité, et, autrefois surtout, l’on avait souvent à souffrir de la brutalité de ces courriers qui faisaient place nette à coups de trique.