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CHAPITRE VII

Lorsqu’on quitte la Transcaucasie pour pénétrer en Perse ou en Turquie, le contraste est en faveur de la Russie ; mais lorsqu’on a vu l’Inde anglaise, l’œuvre des Russes semble bien en retard.

Et cependant, les Russes, procédant par annexions directes dans un pays désuni, situé à leur porte, auraient dû, ce semble, réaliser plus de progrès que les Anglais, numériquement beaucoup moins nombreux, traitant avec des populations entièrement étrangères à leurs mœurs et employant sur une grande échelle le système de l’influence indirecte par les protectorats.

On dira peut-être qu’une comparaison est impossible, les Anglais ayant occupé les Indes avant que les Russes ne fussent au Caucase. Soit ; mais les Russes ont été maîtres de Tiflis dès le commencement de ce siècle, et d’autre part, avant 1857 l’occupation anglaise était loin d’avoir un caractère administratif aussi défini qu’à l’heure actuelle. C’était une société de particuliers, la Compagnie des Indes, qui dominait le pays ; elle le dominait d’une manière plus indirecte que ne fait actuellement le gouvernement impérial ; l’opinion « continentale » a toujours reproché à la Compagnie des Indes d’exploiter le pays sans rien faire pour lui. Il faut donc être conséquent et faire commencer l’action « sociale » des Anglais à la date où la Compagnie transféra ses titres au gouvernement de la Reine ; ou bien, si ces particuliers ont vraiment été, moralement et matériellement assez forts, pour exercer de leur propre autorité, une action sociale, l’œuvre anglaise n’en devient que plus admirable et le contraste plus frappant.

Si l’on envisage le côté matériel, quelques villes du Caucase ont un vernis parisien ; mais il y a plus de cafés-chantants et de boutiques de coiffeurs que d’institutions sérieuses.

L’intérieur du pays est resté à peu de chose près ce qu’il était il y a cent ans. Quelques routes le traversent ; mais elles sont à l’état d’artères isolées ; le réseau des communications