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LES RUSSES EN TRANSCAUCASIE, ETC.

à la même altitude, et la vigne est encore cultivée à 1 000 mètres ; les meilleurs crûs de Kakhétie se trouvent à 750 mètres d’altitude dans la vallée de l’Alazan[1].

J’ai eu à plusieurs reprises occasion de mentionner les différentes cultures de la Transcaucasie ; il est donc inutile d’y revenir. Je veux seulement citer celle du mûrier et l’élevage du ver-à-soie, à cause de leur grande importance ; la Transcaucasie exporte annuellement au minimum 400 000 kilos de soie brute[2].

Les montagnes contiennent plusieurs mines qui pourraient donner d’excellents rendements ; mais en dehors des houillères de Tkvibouli et de quelques autres mines aux environs de Tiflis et d’Elisavetpol, aucune n’est exploitée.

Quant aux hommes et à leur œuvre, je ne saurais naturellement porter sur les Russes et leur activité au Caucase un jugement d’une valeur scientifique rigoureuse. J’apporte ici les impressions d’un voyageur qui a vu à l’œuvre divers systèmes, qui a cherché à observer et à se rendre compte des contrastes ; pour classer ces impressions, il faut généraliser — la généralisation est dangereuse ; aussi bien je ne donne au lecteur mes jugements que comme des indications, lui laissant le soin d’apprécier et de critiquer.

Assurément la situation actuelle de la Transcaucasie est infiniment préférable à celle que lui faisaient ses princes indigènes ; la vie des habitants est en sûreté[3], la justice est rendue et les concussions sont relativement insignifiantes.

Mais depuis le temps que dure l’occupation russe, ne serait-on pas en droit de demander davantage, et n’y a-t-il pas lieu de s’étonner en voyant combien peu les ressources du pays sont utilisées ?

  1. Buchan-Telfer, i, 278, d’après les données de l’observatoire de Tiflis.
  2. Cf. Meyer’s Conversationslexikon.
  3. La vie est en sûreté, généralement parlant ; car il ne manque pas de bandes de brigands qui parviennent à exercer leur métier avec une longue impunité. Kérim, dont j’aurai à parler plus tard, a terrorisé le pays pendant plusieurs années. En novembre 1890, les journaux annonçaient qu’une bande de brigands avaient fait dérailler un train sur le chemin de fer Transcaucasien entre Tuaz et Dzégan, pillé les voyageurs et tué plusieurs d’entre eux.