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CHAPITRE VII

La vallée du Rion forme une sorte d’entonnoir où les nuages de la mer Noire viennent se condenser ; aussi les pluies sont-elles presqu’excessives et la végétation luxuriante[1].

Les eaux sont au contraire beaucoup plus rares sur le versant caspien ; la végétation arborescente y est clairsemée, et on y trouve grand nombre de steppes ; ceux-ci pourraient toutefois en grande partie être fertilisés par un bon système d’irrigation.

Ce versant caspien est extrêmement exposé aux vents d’Est, qui soufflant des steppes arides de la Transcaspienne, exercent une influence desséchante et énervante. Ces vents franchissent parfois la chaîne de Souram, et leur action se fait encore sentir en Iméreth et en Mingrélie ; nous en avons véritablement souffert pendant le trajet de Kouthaïs à Tiflis.

La Transcaucasie a un climat franchement continental. Malgré la grande chaleur de l’été, le climat oscille autour d’une même moyenne au Caucase et en Suisse ; mais l’écart entre les extrêmes de température y est beaucoup plus accentué. Il varie suivant les localités, en restant partout supérieur à celui qui s’observe dans l’Europe occidentale ; à Erivan, où la température moyenne est de 10°,8 centigrades, cet écart atteint, comme je l’ai dit, des proportions effrayantes ; ailleurs il est plus supportable.

La limite des neiges varie beaucoup. Tandis que sur le versant septentrional du Caucase elle est, par une étrange anomalie, souvent plus élevée que sur le versant sud, elle varie sur celui-ci de 2 900 à 3 500 mètres. Comme nous l’avons vu, l’isolement et la nature volcanique de l’Ararat refoulent sur cette montagne la limite des neiges à 4 000 mètres.

La végétation persiste naturellement jusqu’à une hauteur bien plus grande que dans les Alpes. Le long de la route militaire de Géorgie, le hêtre pousse jusqu’à 2 500 mètres ; l’orge croît

  1. Voir, Reclus, Géogr. vi, 72, la carte des pluies du Caucase. À Kouthaïs, d’après Buchan-Telfer la hauteur annuelle des pluies est de 59 pouces ; à Tiflis elle n’est que de 18 ¾ de pouces.