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pour se former une idée juste de l’importance de l’entreprise confiée à la commission que j’ai eu la bonne fortune de diriger.

Arracher le météorite du lit du ruisseau Bendégo, où il gisait enterré depuis 1785, le transporter jusqu’à un endroit où il puisse être placé sur le charriot, gravir les berges escarpées et pierreuses de la rive gauche pour atteindre les plaines supérieures de la vallée, tout cela exigea de la part de la commission un zèle constant et il lui fallut une dose immense de patience et de soins pour faire de simples tabaréos[1] qui ne sont jamais sortis des catingaes du sertão, des aides à peu près supportables dans l’exécution d’un travail qui nécessitât l’emploi d’outils totalement inconnus et nouveaux pour eux.

Tout se fit néanmoins sans que l’on ait eu un seul incident désagréable à enregistrer.

Au moyen de crics et de leviers faits avec des rails, on parvint à déloger le météorite du fond du Bendégo, à l’endroit appelé Ipoeira de João Venancio[2], où il avait été abandonné par le capitaine-major d’Itapicuru, Bernardo Carvalho da Cunha, et à le placer sur une pile de traverses d’une hauteur de 1m, 50.

Dès que l’on connut exactement les dimensions et la forme du météorite et son poids approximatif, on s’occupa d’un projet de charriot qui, outre le solidité nécessaire pour supporter une si grande charge pendant un long et difficile trajet, fut en même temps construit de pièces tellement simples qu’une avarie quelconque put être réparée sur place.

Le système de traction à employer fut l’objet d’un long examen, car il dépendait de la nature variée du terrain à parcourir, lequel devait être soigneusement exploré.

Une traversée de 113 km,422m,80, qui offrait de longues montées avec des pentes de 18 à 20% ; des descentes de 30% dans la Serra d’Acaru, des passages de rivières, dont quelques unes, il est vrai, pouvaient être franchies dans leur lit même, ce qui évitait de longs et coûteux travaux et permettait de choisir le point le plus accessible sur la rive opposée ; mais d’autres, aux berges escarpées et trop hautes ne seraient

    Calçada, avec une entière exactitude, le météorite mentionné, j’ai reconnu qu’il est du poids de cinq mille trois cent soixante kilogrammes (5365).

    En foi de quoi, moi Richard Triplady, surintendant du chemin de fer de Bahia au São Francisco (compagnie limitée), ai délivré le présent certificat, écrit par moi et signé le vingt neuvième jour du mois de mai de l’an mil huit cent quatre vingt huit.

    Bahia, le 29 mai 1888. — Richard Trijpaldy, surintendant.

  1. Hommes du sertão, sertanejos
  2. On appelle Ipoeiras les puits qui se forment dans le lit des rivières et où les eaux se conservent durant le temps de la sécheresse, même après la disparition du cours d’eau