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ou le voyageur a de la peine à croire que l’endroit où il se trouve soit le même qu’il a visité quelques jours ou quelques semaines auparavant !

« Au temps de la Saison des eaux, ce qui revient à dire de la vie, la végétation est puissante et originale, le ciel clair et la nature enchanteresse ; au temps de la sécheresse, les champs se montrent noirs ou gris, par la teinte de l’herbe torréfiée ; quand le sol n’est pas sablonneux, il se fend profondément ; les arbres sont dépouillés de feuilles, les branches et les rameaux qui meurent sont tellement desséchés, que, chez quelques espèces, le frottement de l’un à l’autre suffit pour produire du feu, et, si l’on n’y prête pas une attention suffisante, un terrible incendie s’allume au sein des arbustes et des arbuscules tortueux, incendie presque inextinguible, parce qu’alors on ne trouve que de faibles quantités d’eau et en peu d’endroits ; outre cela, il y a grand danger pour le bétail.

« Quand arrive la saison chaude et sèche, la verdure du feuillage disparait du sertão, excepté celle des Joazeiros (Zisyphus Joazeiro), jujubiers, et de quelques autres végétaux, et le paysage prend l’aspect de l’hiver rigoureux dans les climats froids ou tempérés ; mais il s’en distingue ici surtout par des bois de cactus gigantesques (mandacarus, palmatarias, etc.) et d’autres épineux, rappelant, jusqu’à un certain point, les Euphorbiacées cactoïdes qui caractérisent la végétation aux abords des déserts africains ; surtout au coucher du soleil, alors que l’horizon du sertão est aussi rouge que là, l’irradiation du calorique est extraordinaire et, jusqu’à une certaine hauteur, l’atmosphère contient une épaisse couche de poussière.

« Outre les cactus et les jujubiers, il n’y a que très peu d’autres plantes qui restent vertes pendant la Saison sèche dans les sertões, nous pouvons citer entre autres l’umbuseiro, dont nous parlerons plus loin, plante très utile, dont les feuilles, comme celles du jujubier, sert à alimenter les agneaux et le petit bétail en plusieurs endroits.

« La nuit, quand le ciel est pur et très beau, et que la lumière stellaire se répand à travers l’atmosphere, on jouit d’un spectacle original, digne de n’être pas oublié.

« On entend au loin et de plusieurs côtés, un chant triste et monotone, auquel succède un bruit accompagné de nuages de poussière, soulevés par le bétail altéré et affamé, qui court vers l’endroit où les vachers, armés de torches allumées, faites d’un Cereus qu’ils appellent facheiro, brûlent les épines des mandacarus (Cereus Jamacaru et autres) des palmatorias (Opuntia) et de beaucoup d’autres cactées, pour que les animaux puissent, au moins pendant la nuit et les jours suivants, avoir de quoi manger, et se desaltérer avec l’abondant liquide