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MONSIEUR AUGUSTE

doute à cette véhémence de langage passionné, et il ne savait quelle tournure de style calme pouvait ramener l’entretien vers une forme possible. Un témoin de cette scène aurait sans doute expliqué dans ce sens le trouble réel et l’embarras muet d’Auguste.

Octave, après cinq minutes de silence, reprit le ton familier et dit :

— Maintenant, tu es fixé sur mon compte. Nous nous reverrons chez M. Lebreton après midi, à l’heure du whist. Il faut que j’achève mon croquis… à huis clos. Et il ajouta en riant :

— Le public n’est pas admis.

— À la bonne heure ! dit Auguste, te voilà rentré dans ton naturel charmant ; on peut causer avec toi…

— Cinq minutes… Le temps de préparer mes couleurs.

— Enfant ! à ton âge, tu t’avises d’aimer comme un fou une petite fille qui sort du couvent.

— Veux-tu que j’attende mes soixante ans pour épouser une vieille femme qui sort de l’hôpital ?

— Ma foi ! ce serait plus sage.

— Mais, mon cher Auguste, quel sang de nénufar as-tu dans les veines ! tu connais Louise, n’est-ce pas ?