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MONSIEUR AUGUSTE

Les larmes comprimées firent irruption et inondèrent ses belles joues, arrondies pour le sourire.

Rose respecta quelques instants cette noble douleur virginale, et rompant enfin le silence, elle dit :

— Mais enfin, il n’y a pas là de quoi tant se désespérer !… Ce jeune homme est bien coupable, je ne le défends pas ; mais il faut bien aimer pour commettre un pareil crime. S’il vous aime ainsi, il vous épousera, et s’il vous épouse tout sera réparé.

— Tais-toi, tais-toi, dit Louise ; jamais, jamais !… j’aime l’autre…

Rose se laissa tomber sur le fauteuil de l’alcôve, inclina sa tête sur le chevet, et mêla ses larmes aux larmes de Louise.

Aucune autre parole ne fut échangée entre elles. À l’approche des heures matinales, le sommeil, qui ne perd jamais ses droits, vint leur donner sa consolation d’un instant.