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MONSIEUR AUGUSTE

tard… vous avez besoin de repos… mettez-vous au lit… Avez-vous un ordre à me donner ?…

— Baissez la persienne, mais laissez la vitre ouverte…

Rose exécuta l’ordre, et comme elle se penchait sur le bord de la fenêtre, elle retint un cri, et ferma la vitre seulement.

Louise se leva sur son lit, et interrogea par un signe.

Rose hésita, en bégayant.

— Qu’avez-vous vu ? demanda Louise, à voix basse.

— Oh ! mademoiselle, répondit Rose avec une grande émotion, les yeux nous trompent souvent la nuit… j’ai vu… oh ! non, j’ai cru voir un homme, là, vis-à-vis, dans le feuillage de l’arbre…

— Sainte Vierge ! dit Louise, en cachant son visage dans ses mains.

Et un frisson convulsif agita la jeune fille, comme la subite atteinte du froid le plus violent.

— Remettez-vous au lit, mademoiselle, lui dit Rose, en l’entraînant vers l’alcôve.

— Ce n’est pas un homme, c’est un démon ! murmura la jeune fille ; Rose ne me quittez pas, j’ai peur.

— Voulez-vous que j’aille dénoncer à votre père ?…

— Non, interrompit Louise. Le mal est fait ; n’ébruitons rien… Mon Dieu ! que je suis malheureuse !