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MONSIEUR AUGUSTE

dans la bonne ligne visuelle, et, relevant tout à coup le pistolet, il dit aux témoins :

— Vous êtes bien pâles tous deux ! Allons, vous avez un bon cœur ; vous vous intéressez à ce jeune homme et vous avez raison… Écoutez ceci et répandez-le partout. Ce matin, je suis entré dans la maison de M. Lebreton, ici tout près ; il y avait deux jeunes femmes qui ont eu peur de moi… vous voyez que mon uniforme n’a rien de rassurant… Ce brave jeune homme que vous voyez là… M. Octave est venu au secours de ces deux femmes, et, pouvant me tuer, il est descendu jusqu’à consentir à se battre avec moi, lui riche et heureux, moi pauvre et avili ! Est-ce beau cela ! Vous le raconterez à votre régiment, à toute la garnison, à toute la ville, n’est-ce pas ? Merci, mes camarades ; je me retire en Sicile, au Val di Nota. Nous ne nous reverrons plus. Je tire le canon d’adieu.

Et il déchargea le pistolet dans les arbres, en saluant les deux hussards.

Octave écoutait et regardait avec une surprise, qui ressemblait à de l’admiration.

Les deux hussards battirent des mains et demandèrent si leur présence était encore utile. Octave leur fit un signe négatif et leur serra les mains.

Simaï se tint à l’écart.