Page:Méry - Monsieur Auguste, 1867.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
MONSIEUR AUGUSTE

de calcul. Si les noms étaient des numéros, je n’oublierais jamais un nom… Monsieur Auguste, je vous l’ai toujours dit… avec votre caractère, vos mœurs, votre amour du travail, votre fortune, vous seriez un bon mari et un excellent père de famille… C’est que, voyez-vous, dans le siècle où nous sommes, les jeunes gens prennent tous des habitudes funestes, et tous ces mauvais garçons ne seront jamais de bons maris… Cela fait trembler les pères… Tenez, monsieur Auguste, je ne veux pas dire du mal de votre ami Octave, mais j’aimerais mieux mettre ma fille Louise dans un couvent que la marier à votre ami.

— C’est pourtant un assez bon diable, Octave, répondit négligemment Auguste, et avec le ton d’un interlocuteur distrait qui est obligé de dire quelque chose.

— Assez bon diable, répondit M. Lebreton, assez bon diable ; on ne fait pas un mari avec cette simple qualité-là… Il aime le jeu, les chevaux, la chasse, les petits soupers, les vins de premier choix, les théâtres, les bals, il aime tout… Eh bien ! monsieur Auguste, quand un jeune homme aime tout il n’aime pas sa femme. Est-ce vrai ?

— Oui, je suis de votre avis… Mais Octave a des qualités brillantes ; il a beaucoup d’esprit…