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HENRI DE GUISE.

le Louvre, et tout terminer en un jour. De son côté, le duc prévoyait avec inquiétude les difficultés qu’après la victoire il éprouverait à régner sur une populace indisciplinée et à qui il devait tout ; chaque jour il inventait de nouveaux prétextes pour différer l’explosion d’un complot, et retardait à dessein son arrivée à Paris, où sa dignité se serait peut-être trouvée compromise avec les amis grossiers qu’il s’était donnés. Il leur envoya son frère le duc de Mayenne, pour leur faire prendre patience autant que pour retenir leur ardeur. Mayenne devait en outre examiner de près les chances de succès que présenterait un coup de main sur le Louvre.

À peine arrivé à Paris, Mayenne fut séduit par l’audace, le nombre et la bonne volonté des ligueurs ; il partagea bientôt leurs espérances, il donna les mains à leur projet. Un plan d’insurrection fut adopté. Les listes de proscription, accompagnement alors obligé de tout mouvement politique, furent dressées avec une épouvantable profusion. Mayenne donna le mot d’ordre, assigna les portes, désigna les lieux où des barricades seraient élevées, car il y a bien longtemps que les Parisiens connaissent ce moyen terrible de combattre des troupes régulières.

Mais le roi avait des espions parmi les ligueurs, au