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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

son temps. Il plut à Marguerite, sœur du roi Charles IX, et se flatta quelque temps de pouvoir l’épouser. Cette alliance l’aurait amené bien près du trône. Mais Charles avait d’autres desseins sur sa sœur ; il savait en outre le danger d’élever un sujet trop à son niveau. Il menaça le duc de Guise de sa colère et le força d’abandonner son projet.

La paix, qui interrompait pour peu de temps les guerres civiles, n’était, à vrai dire, qu’une trêve arrachée à l’épuisement des deux partis, et qu’ils n’observaient que jusqu’au moment où ils se croyaient assez forts pour la rompre. En 1570, la paix fut jurée du bout des lèvres, pour me servir de l’expression de d’Aubigné. Cette paix était la troisième, mais il était facile de prévoir qu’elle ne serait pas la dernière. Catholiques et protestants avaient fait des pertes à peu près égales, sans que les uns ou les autres eussent obtenu une supériorité décidée. Les premiers étaient plus nombreux, mais leurs adversaires comptaient dans leurs rangs les familles les plus riches et les plus influentes de la France.

Charles IX et sa mère, la fameuse Catherine, ne partageaient certainement pas le fanatisme religieux de la plupart de leurs sujets. Les chefs des