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CERVANTES.

Le nom de Cervantes était presque oublié lorsqu’il fit paraître, en 1605, la première partie du Don Quichotte. L’usage voulait que tout ouvrage fût dédié à un grand, qui en acceptant la dédicace,

    Apostare que el anima del muerto,
    Por gozar deste sitio, hoy ha dezado,
    El cielo de que goza eternamente.
    Esto oyo un valenton, y dixo : Es cierto,
    Lo que dire voace, seo soldado
    Y quien dixere lo contrario, miente.
    Y luego en continente,
    Calo el chapeo, requirio la espada
    Miro al soslayo, y no hubo nada.

    SUR LE TOMBEAU DU ROI À SÉVILLE

    « Parbleu ! tant de grandeur me surprend, et je donnerais bien un doublon pour pouvoir la décrire ; car y a-t-il un homme qui ne s’émerveille et ne s’étonne à la vue de cette machine immense, de toute cette braverie ?

    » Par Jésus-Christ, chaque morceau vaut plus d’un million, et c’est bien dommage que cela ne dure pas un siècle. O grande Séville, tu surpasses Rome en courage et en grandeur !

    » Je parie que l’âme du défunt, voulant jouir de ce gîte, a quitté aujourd’hui le ciel, dont elle jouit éternellement.

    » Certain brave entendit ces paroles, et dit : Seigneur soldat, ce que vous dites est vrai, et qui dira le contraire, ment.

    Alors il enfonça son chapeau, tâta son épée, regarda de travers ; et ce fut tout.