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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

volumineux ouvrages. Cloué sur un lit de douleurs, il trouva quelque soulagement à écrire ses souvenirs et ses réflexions. Il variait ses distractions par de nombreux procès contre ses parents, ses voisins, et les moines de son abbaye. Plaideur acharné, dans son testament il lègue des procès à ses héritiers et leur recommande de poursuivre ses adversaires à outrance. Sauf un commerce littéraire avec quelques beaux esprits du temps et quelques personnages illustres, entre autres la reine Marguerite, pour laquelle il professait une admiration chevaleresque, il cessa toutes relations avec le monde où il avait toujours vécu. On devine par ses ouvrages et par les railleries d’un écrivain calviniste, qu’il avait un secret penchant pour la Ligue, et peut-être l’a-t-il servie à sa manière, car d’Aubigné lui donne une petite place, celle de porteur de sonnettes, dans sa caricature de la procession catholique qui eut lieu pendant le siége de Paris. Il mourut le 15 juillet 1614, dans un oubli profond, sans que ses héritiers songeassent à exécuter un des articles de son testament qui prescrit de publier ses manuscrits, et sans que les personnes auxquelles ils furent sans doute communiqués se soient avisées d’y ajou-