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BRANTHÔME.

il était résolu à s’en passer, si on la lui refusait. Un accident qui paraît lui être arrivé vers 1584, et sur lequel nous reviendrons dans la suite, le préserva de cette trahison. Un cheval « dont le malheureux poil blanc » présageait quelque accident, superstition qui se conserve encore parmi nos cavaliers, qui se défient d’un cheval à quatre balzanes, se renversa sur lui et lui fracassa les reins. Il dut passer quatre ans entiers dans son lit, et tout le reste de sa vie il demeura infirme et souffrant. Dans son malheur il trouva une amitié dévouée. La veuve de son frère André fut sa garde assidue, et lui prodigua les soins les plus empressés. Branthôme, qui oublie souvent les confidences qu’il nous a faites pour se vanter de ses bonnes ou mauvaises actions, se fait un mérite d’avoir été toujours une garde vigilante auprès de madame de Bourdeilles, de l’avoir empêchée de se remarier et de porter dans une autre famille sa fortune, qui était considérable pour le temps. On peut se demander qui des deux gardait l’autre et de quel côté était le dévouement à la famille.

Depuis son accident, Branthôme paraît avoir demeuré ou dans son abbaye, ou aux environs. Son oisiveté forcée nous a valu probablement ses