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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

protestant fameux, le même que Branthôme avait trouvé faisant des boutons à Genève en compagnie de Poltrot, l’avait converti et lui avait donné sa fille. Par son testament, il laissait à cette fille dix écus seulement ; mais dans son contrat de mariage il s’était obligé à résigner sa charge au vicomte d’Aubeterre, avantage qui devait lui tenir lieu de complément de dot et de legs. Le roi se crut obligé de respecter les dernières volontés d’André de Bourdeilles, et Branthôme en fut piqué au vif, plutôt, dit-il, pour l’affront personnel que pour le dommage fait à sa famille ; car le vicomte d’Aubeterre annonçait l’intention de céder sa charge à Henri de Bourdeilles, fils d’André, lorsqu’il serait en âge de l’exercer. Le roi s’excusant, Branthôme lui dit : « Vous m’avez donné, ce coup, grand subject de vous faire jamais service comme j’ay faict. » En sortant du Louvre, il jeta sa clef de chambellan dans la Seine, et pendant quelque temps il ne parut plus chez le roi ; pourtant il continuait de faire sa cour à la reine-mère.

Mécontent de son maître, mécontent des Guises, qu’il accuse de payer mal le dévouement de leurs créatures, Branthôme fut tenté un instant de s’attacher à la fortune du duc d’Alençon, prince am-